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Représentation au Luxembourg
  • Déclaration
  • 15 mai 2023
  • Représentation au Luxembourg
  • 7 min de lecture

Déclaration de la Présidente von der Leyen à la conférence de presse conjointe tenue avec le Président Michel avant le sommet du Conseil de l'Europe, le sommet du G7 et le sommet UE-République de Corée

Press conference by Charles Michel, President of the European Council, and Ursula von der Leyen, President of the European Commission

Une intense séquence d'événements nous attend à partir de demain. Comme vous le savez, nous assisterons ensemble au sommet du Conseil de l'Europe en Islande. Puis nous nous rendrons à Hiroshima pour le sommet du G7. Et enfin, nous participerons à Séoul au sommet entre l'Union européenne et la République de Corée. Ce que nous souhaitions faire aujourd'hui, c'est vous donner quelques éclairages sur les principaux thèmes qui nous occuperont lors de toutes ces rencontres.

Le premier thème – un thème important, s'il en est – est naturellement l'Ukraine. Il s'agit d'apporter une réponse unie à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais aussi un soutien prolongé et fiable à cette courageuse nation. Comme vous le savez peut-être, j'étais à Kiev mardi dernier. J'ai été impressionnée de voir de mes propres yeux la persévérance, la résilience et l'endurance du peuple ukrainien. Et c'est pourquoi j'estime que nous autres pays qui soutenons l'Ukraine devons faire preuve du même niveau d'endurance et de persévérance. J'attends des dirigeants qu'ils se rallient à cette cause. Et j'attends aussi qu'ils adhèrent à deux grands principes. Le premier est que nous continuions à soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire. Le second est que rien de ce qui concerne l'Ukraine ne doit se décider sans l'Ukraine.

Il convient essentiellement de traduire «Aussi longtemps que nécessaire» par : un soutien financier stable, bien entendu au-delà de 2023, un soutien militaire plus rapide, axé sur le présent et la localisation; «rien de ce qui concerne l'Ukraine sans l'Ukraine» signifie un soutien très fort à la formule de paix du président Zelensky. Nous ne devons jamais oublier que l'Ukraine est le pays qui a été brutalement envahi. C'est donc à elle qu'il revient de définir les principes fondamentaux d'une paix juste. Le président Zelensky lui-même a présenté cette formule de paix et s'est déclaré ouvert à la discussion. Mais la formule de la paix devrait être, pour nous tous, le fondement de tous nos efforts et la base sur laquelle nous commençons à travailler. Au sein du G7, nous discuterons également des sanctions et nous ferons bien sûr le point sur les mesures existantes et à venir. Comme vous le savez, la Commission a proposé le 11e train de sanctions. Il est principalement axé sur les mesures d'exécution et les mesures anticontournement. Comme toujours, ces mesures sont étroitement coordonnées avec les autres partenaires du G7 qui élaborent également des trains de mesures similaires. Enfin, à Reykjavik, nous discuterons de la manière de demander des comptes à la Russie. Je soutiendrai très fermement la création d'un tribunal spécialisé pour juger le crime d'agression commis par la Russie. Nous déciderons également de la création d'un registre des dommages à la Haye. Ce sera un premier pas, mais un pas très important, vers l'indemnisation de la Russie. Voilà pour ce qui est de l'Ukraine.

Le deuxième thème clé de cette série de sommets et réunions est la manière de gérer la relation avec une Chine en mutation. Même si nous entretenons tous des relations indépendantes avec la Chine, je suis convaincue que les dirigeants du G7 s'accorderont sur un ensemble de principes fondamentaux partagés. Tout d'abord, nous cherchons à donner une approche pluridimensionnelle à notre relation avec la Chine. Il s'agit de réduire les risques, pas de se dissocier de la Chine. Dans le même temps, nous chercherons à coopérer avec la Chine sur des questions d'intérêt mondial, telles que le changement climatique. Certes, nous sommes en concurrence avec la Chine. Cela veut dire que nous devons renforcer notre vitalité économique; il y a un travail que nous devons faire dans nos économies. Nous allons réduire nos dépendances stratégiques. Nous avons tiré les enseignements de l'année écoulée. Et nous collaborons en tant que partenaires sur les défis essentiels en matière de politique étrangère et de sécurité. En d'autres mots, nous continuerons à appeler la Chine à s'abstenir de soutenir la guerre menée par la Russie. Nous réaffirmerons notre attachement indéfectible à la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Nous reconnaissons la «politique d'une seule Chine». Nous nous opposons collectivement à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo, en particulier s'il est recouru à la force. Un autre thème qui sera abordé: nous protégerons un petit nombre de technologies de pointe dont nous savons qu'elles détermineront l'avantage militaire dans les générations à venir. Cela m'amène tout naturellement au thème de la sécurité économique. Il s'agit là d'un thème nouveau et important.

Nous avons été témoins de tentatives de coercition économique, par exemple de la Chine à l'égard de la Lituanie. Des pratiques similaires ont été observées à l'égard du Japon et de l'Australie. Nous sommes très vulnérables à la coercition en général lorsque les dépendances s'accumulent. C'est pourquoi nous prenons des mesures si sérieuses pour renforcer notre résilience, pour éviter les vulnérabilités. Nous devons, par exemple, réduire nos dépendances à l'égard des matières premières critiques. Nous en avons beaucoup discuté. C'est la raison pour laquelle la réglementation sur les matières premières critiques a été proposée.

Ainsi, en ce qui concerne les technologies de pointe, comme vous le savez, nous réfléchissons actuellement à la modernisation des outils dont nous disposons. Par exemple, en ce qui concerne le contrôle des investissements sortants ou les contrôles avancés des exportations. Le Japon est depuis longtemps déjà pionnier dans ce domaine. Il a par conséquent fait de la sécurité économique un thème central de sa présidence du G7. Et sur tout ce que je viens d'évoquer, la Commission présentera au mois de juin une stratégie en matière de sécurité économique.

Le dernier thème horizontal que je souhaite évoquer concerne les technologies propres. La décarbonation est le défi de notre siècle — il n'y a aucun doute là-dessus. Nous avons tous besoin, et nous voulons tous bâtir des bases industrielles de technologies propres concurrentielles. Lorsque nous avons lancé le Pacte vert pour l'Europe, en décembre 2019, c'était au début de mon mandat, l'urgence était au déploiement rapide des énergies renouvelables. Aujourd'hui, il est avant tout question d'accès aux technologies, d'accès aux matières premières et de renforcement des capacités de production. Nous partageons tous ces priorités, et c'est une bonne chose. Notre objectif commun doit être de consolider nos capacités en matière de technologies propres. Mais pas aux dépens les uns des autres, autrement personne n'en sortira gagnant. Ce dont le monde a cruellement besoin, c'est d'un saut de géant dans le développement et le déploiement de ces technologies, et ce partout dans le monde. La demande est colossale. Les mesures d'incitation que nous mettons en place doivent donc se renforcer mutuellement, et non se faire concurrence. Les opportunités sont là, cela ne fait aucun doute. Ce sera également un sujet très important à examiner lors du G7.

Je terminerai par les infrastructures. Par la nécessité de renforcer notre sécurité et notre diversification économiques. Tout cela suppose, bien sûr, d'aller au-delà de nos cercles de partenaires du G7 ou du G20. Cela suppose d'aller au-devant de nouveaux pays partenaires potentiels. C'est, comme vous le savez, l'objectif même de notre initiative «Global Gateway». À Hiroshima, je co-présiderai, avec le Président Biden et le Premier ministre Kishida, une rencontre organisée en marge du partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux, le PGII. Le PGII rassemble toutes les activités en lien avec ce thème, par exemple notre Global Gateway. Il s'agit de l'initiative phare du G7 que nous avons lancée l'an dernier à Elmau. Le but de cette rencontre parallèle est de mobiliser le secteur privé. Nous avons invité des chefs d'entreprise influents afin de réfléchir ensemble à des propositions concrètes et à la voie à suivre. À eux de fournir des capitaux privés, et à nous de garantir une réduction des risques et un environnement propice aux investissements. C'est de tout cela qu'il sera question lors de cette rencontre parallèle.

Voilà comment j'envisage la semaine à venir.

Détails

Date de publication
15 mai 2023
Auteur
Représentation au Luxembourg