Madame la Première ministre,
Monsieur le Secrétaire général, cher Jens,
Chère Kaja, je vous remercie vivement de nous accueillir à Tallinn en un jour aussi particulier. En effet, c'est le jour où, il y a 105 ans, l'Estonie a déclaré son indépendance. La détermination de l'Estonie à rester un pays libre et indépendant a été mise à l'épreuve, à plusieurs reprises. Mais son indépendance a finalement été rétablie le 20 août 1991. Permettez-moi également de partager une citation d'un Estonien célèbre, l'ancien président Lennart Meri, qui a déclaré: «L'Europe, ce n'est pas de la géographie. L'Europe, c'est une unité de principes et la fidélité à ces principes. Les principes façonnent la géographie – pas l'inverse». C'est une vérité que Poutine n'a jamais comprise.
Un an après le début de sa guerre brutale, Poutine n'a pas atteint un seul de ses objectifs stratégiques. Au lieu de diviser l'Union européenne, il nous trouve unis et déterminés à nous tenir aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra. Au lieu de dominer le marché mondial de l'énergie, il a vu sa principale source de revenus considérablement amoindrie. Au lieu de rayer l'Ukraine de la carte, il est confronté à une nation plus vigoureuse que jamais. L'Ukraine témoigne désormais de la bravoure d'une nation qui ne cédera jamais dans sa quête de liberté. Nous l'avons vu chaque jour au cours des 365 journées qui se sont écoulées depuis le début de cette guerre atroce. Et tout comme l'Estonie est fière d'être un État libre et indépendant, l'Ukraine triomphera. L'Ukraine triomphera parce que les Ukrainiens ne fléchiront pas, ni ne reculeront. Et l'Ukraine triomphera parce que l'Europe et ses partenaires et alliés feront preuve de fermeté.
Un an après, les combats continuent toutefois de faire rage. Et Poutine a fait monter les enjeux. Il envoie des centaines de milliers de jeunes Russes pour servir de chair à canon dans les tranchées en Ukraine. Ce que nous avons vu et entendu cette semaine à Moscou nous révèle que le désespoir, l'aveuglement et la désinformation augmentent à mesure que les pertes s'accumulent sur le champ de bataille. Cela montre à quelle pression est soumis le régime de Poutine. Mais cela s'accompagne également d'un danger réel et renouvelé pour l'Ukraine. Le moment est donc venu de redoubler d'efforts. Nous devons continuer à donner à l'Ukraine les moyens de se défendre, jusqu'à ce que les Russes mettent fin à cette guerre et quittent l'Ukraine.
C'est pourquoi nous nous tenons fermement aux côtés de l'Ukraine, aussi déterminés que jamais à la soutenir financièrement, économiquement et militairement, à renforcer nos propres capacités de défense et à accroître la pression exercée sur la Russie en la tenant pour responsable. La Russie est de plus en plus isolée. Je pense que le vote d'hier à l'Assemblée générale des Nations unies était très révélateur: 141 pays ont voté en faveur de la résolution condamnant la Russie. La Russie retourne à une économie autarcique, coupée du monde. Nos sanctions érodent fortement sa base économique, ce qui compromet toute perspective de modernisation. Nous continuerons à faire pression sur la Russie et sur ceux qui la soutiennent sur le champ de bataille. Nous continuerons à nous en prendre aux partisans de Poutine. Et nous nous ferons de même avec ceux qui aident la Russie à contourner les sanctions ou à reconstituer son arsenal de guerre.
Dans le même temps, nous nous efforçons d'assurer la résilience économique et militaire de l'Ukraine. D'abord, grâce à un soutien financier continu. À ce jour, nous avons mobilisé 67 milliards d'euros. Ensuite, grâce à un soutien militaire accru. Nous avons pour objectif de former 30 000 soldats ukrainiens dans l'Union européenne. Nos États membres fournissent du matériel militaire. Et nous allons recourir à la passation conjointe de marchés pour livrer d'urgence à l'Ukraine des fournitures militaires, notamment des munitions de 155 millimètres. Il est tout aussi important de travailler avec notre industrie de la défense pour accélérer la production de ces munitions et d'autres équipements dont les forces ukrainiennes ont besoin, que de reconstituer nos propres stocks. Chère Kaja, vous avez à juste titre attiré l'attention sur cette question lors du dernier Conseil européen. Et nous passons maintenant à l'action.
Enfin, il ne s'agit pas seulement de gagner sur le champ de bataille. Les Ukrainiens luttent pour le droit de choisir leur propre avenir. Et ils ont déjà choisi. Ils ont choisi l'Union européenne. Ils ont choisi l'unité de principes, pour reprendre les termes du président Lennart Meri. Les soldats ukrainiens qui luttent dans les tranchées de Bakhmut défendent cette unité de principes. En ces temps sombres, l'assurance que l'Ukraine rejoindra un jour l'Union européenne réchauffe le cœur des citoyens ukrainiens. C'est ainsi que les principes façonnent la géographie.
Chère Kaja,
Je suis fière d'être ici avec vous aujourd'hui, ainsi qu'avec vous, Jens, à Tallinn, pour célébrer la liberté et l'indépendance de l'Estonie. Et je suis fière que nous soyons ici ensemble pour soutenir le peuple ukrainien et sa lutte pour la liberté et l'indépendance. Je suis certaine que, comme le peuple estonien, l'Ukraine triomphera elle aussi.
Je vous remercie.
Détails
- Date de publication
- 24 février 2023
- Auteur
- Représentation au Luxembourg