"Seul le texte prononcé fait foi"
Monsieur le Président Macron,
Monsieur le Président Michel,
Chers familles et amis réunis avec nous aujourd'hui, afin de rendre hommage à des êtres qui nous étaient chers.
Il y a une fresque murale dans la ville allemande de Hanau où neuf personnes ont perdu la vie lors d'un attentat terroriste il y a deux ans. Sur cette fresque murale, on lit l'injonction: « Say their names ». Prononcez leurs noms. Nous sommes rassemblés ici aujourd'hui pour prononcer le nom de chaque victime du terrorisme. Aujourd'hui, nous nous souvenons de leurs histoires et nous célébrons leurs vies trop tôt éteintes. Il est impossible de nommer toutes les victimes mais permettez-moi d'en nommer trois : Sonia, Misha et Nesar.
Sonia Cano Campos avait 24 ans. Elle était Espagnole et elle adorait danser. Sonia travaillait dans une résidence pour personnes âgées. Elle portait une attention spéciale aux plus seules d'entre elles. Les résidents qui ne recevaient jamais la visite de leurs enfants ou petits-enfants. Sonia avait l'habitude de danser avec eux, pour leur faire partager sa joie de vivre. Le matin du 11 mars 2004, elle s'est rendue à son travail. Elle avait accepté de remplacer un collègue et de travailler une journée supplémentaire. Et Sonia a péri dans un train à Madrid, avec 192 autres personnes innocentes.
Misha Bazelevskyy avait 22 ans, c'était un jeune Ukrainien brillant. Il venait d'une famille modeste qui travaillait beaucoup pour qu'il puisse réaliser son rêve. Misha voulait concevoir des voitures électriques et faisait donc des études d'ingénieur. Misha était à Nice pour un voyage d'étude quand il a perdu la vie, avec 85 autres personnes.
Nesar Hashemi était un ouvrier allemand né de parents qui avaient fui l'Afghanistan. Un matin de février, il avait décidé de se faire tatouer sur le bras le nom de la petite ville où il avait grandi, Hanau, parce qu'il aimait sa ville et qu'il en était fier. Quelques heures plus tard, il était abattu avec deux de ses amis dans la ville même qu'il aimait tant, à cause de la couleur de sa peau.
Aujourd'hui, nous pleurons Sonia, Misha et Nesar, ainsi que toutes les autres victimes du terrorisme en Europe. Chacune de leurs vies était différente et unique. Ils venaient d'endroits et de milieux différents. Pourtant, ils ont tous eu le même destin absurde. Comme des centaines d'entre eux, dans les rues de Londres ou Barcelone, dans un concert à Paris, ou sur une petite île calme de Norvège. Aujourd'hui, nous nous souvenons de chacun d'entre eux. Mais le souvenir doit se traduire par des actions quotidiennes. Après chaque attaque terroriste, nous essayons tous de reprendre le cours normal de notre vie. Mais pour les victimes, pour leur famille, pour les survivants, c'est tout simplement impossible. C'est pourquoi nous devons tous être solidaires avec eux et répondre à leurs besoins, tout en continuant à travailler pour que ces tragédies ne se répètent pas.
Tout d'abord, nous devons être aux côtés des survivants et de leurs familles. Ceux qui ont des séquelles des actes terroristes ont besoin d'une aide particulière. C'est pourquoi nous travaillons avec les États membres pour les aider dans ce travail. Nous voulons leur apporter un soutien, faciliter les indemnisations quand c'est possible, et les accompagner dans leur retour à une vie normale.
Deuxièmement, personne ne naît terroriste. On peut lutter contre la radicalisation par l'inclusion et l'éducation. C'est un travail de chaque jour, au sein de nos communautés, dans nos écoles et dans nos débats publics.
Troisièmement, et ceci est crucial, chacun dans notre Union a le droit de se sentir en sécurité, dans la rue et chez soi. Cela nécessite une coopération européenne. Il faut travailler ensemble pour venir à bout des réseaux terroristes qui traversent les frontières, pour les empêcher d'avoir accès à des armes et bloquer leurs fonds. En unissant nos forces, nous pouvons préserver notre Union en tant qu'espace de liberté et de sécurité.
Vous avez tous les deux, cher Emmanuel et cher Charles, été confrontés à des attaques terroristes pendant votre mandat. Et vous n'avez pas cessé de travailler pour rendre vos pays et la vie de vos citoyens plus sûrs. Vous êtes donc les mieux placés pour comprendre ceci : ce n'est pas au lendemain d'une attaque que l'on lutte contre le terrorisme. C'est tous les jours. En cette Journée de commémoration, nous nous souvenons du nom des victimes et de leur histoire. Mais nous prenons aussi l'engagement solennel d'éradiquer le terrorisme de nos sociétés et de construire une Europe plus sûre et plus libre.
Vive l'Europe !
Détails
- Date de publication
- 11 mars 2022
- Auteur
- Représentation au Luxembourg