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Représentation au Luxembourg
  • Discours
  • 6 février 2024
  • Représentation au Luxembourg
  • 7 min de lecture

Discours de la Présidente von der Leyen lors de la session plénière du Parlement européen

"Seul le texte prononcé fait foi"

Mme la Présidente Metsola,

Mesdames et Messieurs les députés,

Dans toute bataille, c'est toujours la partie qui se bat pour quelque chose qui a le plus de puissance de son côté. Ce sont ceux qui croient en ce pour quoi ils se battent qui feront des sacrifices et tout ce qu'il faudra pour l'emporter. Et inversement, c'est la partie qui se bat contre quelque chose qui aura toujours peur. Peur de perdre, peur de penser à l'avenir, peur de s'exprimer. Il y a deux ans, Poutine et la Russie ont commencé une guerre contre quelque chose. Une guerre contre l'Ukraine et son territoire, mais aussi contre un peuple et une nation avec une volonté de fer et l'espoir d'un avenir meilleur. Contre leurs aspirations européennes. Contre les valeurs qu'ils partagent avec nous. Tout simplement, contre la réalité moderne et contre le puissant cours de l'histoire européenne. Et ce faisant, Poutine a engagé une bataille contre nous tous – et contre la liberté, l'autodétermination et la démocratie en général. Contre tout ce que nous défendons depuis plus de 70 ans. L'Ukraine a démontré la puissance d'une nation et d'un peuple qui se battent pour quelque chose. Pour eux-mêmes avant tout. Mais aussi pour nous et pour tout ce en quoi nous croyons. Nos libertés, notre démocratie, nos droits durement acquis et nos aspirations. L'attitude héroïque de l'Ukraine en a surpris certains. Mais cela ne devrait surprendre personne que face à l'oppression, à l'asservissement et à la tyrannie, ils aient choisi de résister. C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs les députés, je suis toujours aussi convaincue d'une chose que je l'étais lorsque je me tenais devant vous il y a deux ans. Et c'est que l'Ukraine vaincra et que l'Europe sera à vos côtés tout au long du chemin, contre vents et marées.

Mesdames et Messieurs les députés,

Nous avons parlé abondamment ces deux dernières années du soutien historique et massif de l'Union européenne à l'Ukraine– qu'il soit militaire, financier ou humain. Qu'il s'agisse des sanctions, de la sécurité ou du marché unique. Qu'il s'agisse de la progression historique de l'Ukraine vers l'adhésion à notre Union, dont cette assemblée a été un défenseur si fervent. Mais aujourd'hui – à l'occasion de cette poignante cérémonie d'anniversaire – c'est le moment d'examiner de manière plus approfondie comment nous en sommes arrivés là et quelle direction nous devons prendre. Le point de départ, c'est que l'Ukraine – et l'Europe – ont montré que nous étions prêts à nous battre pour ce en quoi nous croyons et à le payer de notre vie. Et cela a été l'une des plus grandes erreurs de calcul de Poutine en ce mois de février, lorsqu'il rassemblait des troupes à la frontière et préparait une attaque éclair sur Kyiv. M. Poutine, vous avez commis cette erreur parce que vous êtes incapable de comprendre ce qui anime l'âme des hommes lorsqu'ils sont libres de penser, de rêver, de créer et de prospérer. Et vous ne pouvez pas comprendre – parce que vous ne pouvez accepter l'idée que le désir de liberté de l'homme l'emportera toujours.

Mesdames et Messieurs,

Poutine ne peut pas comprendre que si vous donnez aux gens le choix, ils choisissent la liberté. Et dans le cas de l'Ukraine, ils se battent pour la libération. Poutine ne peut comprendre que la bataille que livrent les Ukrainiens diffère de la bataille des soldats russes dont il a impitoyablement sacrifié les vies pour un passé depuis longtemps révolu et un avenir qui ne pourrait jamais exister. Le sacrifice de l'Ukraine, c'est tout le contraire. Pourquoi se battent-ils ? Parce qu'ils luttent, qu'ils peinent pour quelque chose d'existentiel et d'inhérent à la condition humaine. C'est pourquoi la volonté de l'Ukraine n'est pas seulement plus forte que celle de la Russie, elle est également d'une nature et d'un caractère fondamentalement différents. Et c'est ce que Poutine ne comprendra jamais à notre sujet. C'est pourquoi son invasion était une faute non seulement morale, mais aussi stratégique. Il ne peut comprendre la liberté et pourquoi nous nous battons pour elle, car son seul instinct est d'écraser ce qui lui fait peur. Et cela explique ce qui s'est passé ces deux dernières années. Au lieu de renverser Kyiv, de diviser l'Union européenne et d'affaiblir l'OTAN, c'est tout le contraire qui s'est produit, à tous points de vue. Avec le soutien de l'Union européenne et de nos alliés, l'Ukraine a non seulement tenu bon face à un plus grand pays, à une plus grande armée et à une plus grande économie, mais elle a reconquis plus de la moitié du territoire que la Russie occupait depuis le début de ce conflit. Ils ont repoussé les offensives russes l'hiver dernier – et font de même aujourd'hui. Et cet esprit indomptable, c'est ce que nous devons garder à l'esprit ici en Europe et dans tout le monde démocratique à ce moment charnière de la guerre. Ce n'est pas le moment d'hésiter ou de se regarder le nombril. Le message que l'Europe a envoyé lors du Conseil européen la semaine dernière était on ne peut plus clair. Et permettez-moi de le répéter ici : l'Europe sera aux côtés de l'Ukraine chaque jour de la guerre, et chaque jour après cela. C'est ce que veut dire être Européen et croire à une destinée construite sur le désir quotidien de laisser à nos enfants un avenir dans lequel ils puissent s'épanouir.

Mesdames et Messieurs les députés,

Nous devons poursuivre sur notre lancée afin de soutenir l'Ukraine et d'assurer notre propre avenir. Cela signifie qu'il faut penser à la reconstruction, aux engagements en matière de sécurité, au renforcement du système international pour éviter que cela se reproduise ou se répète. Cela signifie qu'il faut continuer à apporter notre soutien par tous les moyens possibles. Prenez le soutien militaire. À ce jour, nous avons entraîné plus de 40 000 soldats ukrainiens. Notre Union et les États membres ont mobilisé 28 milliards d'euros d'équipements militaires. L'industrie européenne de la défense a augmenté de 40 % sa capacité de production de munitions. Nous aurons livré plus d'un demi-million d'obus d'artillerie d'ici le mois prochain. Plus d'un million d'ici la fin de l'année. Mais ce n'est assurément pas assez. Nous ne devons pas nous contenter d'accélérer la livraison de munitions à l'Ukraine. Lorsque nous envisageons l'avenir, nous devons considérer les capacités de défense de l'Ukraine comme une partie de nos propres capacités de défenses. Nous devons considérer l'industrie ukrainienne de la défense comme une partie de notre propre industrie de la défense. C'est pourquoi nous avons associé l'Ukraine aux préparatifs de notre propre stratégie industrielle de défense. C'est une première étape, qui devrait conduire à intégrer l'Ukraine à certains de nos programmes de défense, avec l'accord du Parlement européen et du Conseil, s'il y a lieu. Non seulement cela nous aiderait à répondre aux besoins de l'Ukraine en matière de défense, mais cela encouragerait également la convergence et la planification conjointe entre nos forces armées et nos industries de la défense. L'Ukraine est un futur membre de notre Union européenne. Elle doit donc se rapprocher de nous dans le domaine de la défense également. Cela m'amène à mon troisième point, à savoir la progression de l'Ukraine sur la voie de l'adhésion à notre Union. Le contraste avec il y a seulement dix ans ne pourrait être plus frappant. À l'époque, un régime prorusse en Ukraine adoptait des lois autoritaires et tuait des manifestants dans les rues. Aujourd'hui, le pays vient de se doter de nouvelles lois pour étendre les droits des minorités nationales, améliorer le système judiciaire et garantir l'équilibre des pouvoirs. C'est ce qui nous a amenés à lancer les négociations d'adhésion. Et ces progrès ne se produisent pas uniquement parce que l'Europe les exige. Ils correspondent au désir profond du peuple ukrainien. L'Ukraine est l'Europe, parce que l'Europe est dans le cœur et l'esprit des Ukrainiens. Et bientôt, l'Ukraine fera également partie de notre Union.

Mesdames et Messieurs les députés,

L'anniversaire que nous commémorons aujourd'hui est une histoire tragique de pertes et de souffrances humaines. Et elle est d'autant plus tragique que nous savons qu'il y a encore d'autres pertes et souffrances à venir. Nous savons l'importance de ce qui est en jeu ici pour ceux en Ukraine. Et également pour nous autres en Europe. Les fantasmes et la guerre fabriquée de Poutine – et la résistance héroïque de l'Ukraine nous ont rappelé que nos libertés et notre démocratie valaient que l'on se batte. Nous rendons donc hommage aujourd'hui à ceux qui ont sacrifié leur vie pour se battre pour quelque chose. 

Slava Ukraini, et vive l'Europe.

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Date de publication
6 février 2024
Auteur
Représentation au Luxembourg