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Représentation au Luxembourg
Article d’actualité1 août 2022LuxembourgReprésentation au Luxembourg5 min de lecture

Sécurité énergétique : l’UE s’engage et fait face

Dans l’adversité, l’Union européenne fait preuve de solidarité et d’unité. Anne Calteux, Représentante de la Commission européenne au Luxembourg sur l'accord trouvé lors du Conseil des ministres de l’énergie en date du 26 juillet.

save gas for a safe winter
@Union européenne 2022

Dans l’adversité, l’Union européenne fait preuve de solidarité et d’unité. Les États membres l’ont démontré une fois de plus en parvenant en un temps record à un accord historique sur la réduction de la demande de gaz naturel à hauteur de 15% lors du Conseil des ministres de l’énergie en date du 26 juillet. Cet accord est loin d’être anodin. Il survient dans le contexte de la guerre injustifiée de la Russie contre un pays indépendant et souverain, d’une invasion brutale dans laquelle l’énergie est utilisée comme un moyen de pression voire comme arme. Grâce à l’accord politique de cette semaine, l’Union européenne s’est donné un moyen supplémentaire de taille pour garantir la sécurité de l'approvisionnement énergétique dans l'Union européenne dans le cas d'une rupture totale des livraisons de gaz depuis la Russie et pour augmenter sa résilience stratégique.

Cet accord s’inscrit dans les efforts continus de l’Union européenne visant à assurer l’indépendance énergétique de ses États membres dans un contexte géopolitique de plus en plus compliqué, sans pour autant renoncer aux engagements pris en vertu de l’Accord de Paris et du Pacte Vert pour l’Europe. Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, nous avons réussi à réduire notre dépendance aux combustibles fossiles russes, à augmenter notre approvisionnement en énergies renouvelables, à développer des partenariats avec d’autres pays et à mettre en place un une plateforme d’achat commun d’énergie. À ce jour, les stocks sont remplis à 65%. Si ce pourcentage est rassurant aujourd’hui, il n’est pas suffisant pour traverser sereinement l’hiver. C’est pourquoi l’accord qui vient d’être signé est d’une grande importance. Les 15% n’ont pas été choisis par hasard:  il s’agit de l’équivalent de 45 milliards de mètres cubes de gaz qui correspondent à l’écart entre le gaz disponible et le gaz requis afin de faire face à un hiver rude en cas d’interruption de livraison totale de gaz russe. En réduisant notre consommation de gaz de 15% à partir du mois d’août et jusqu’en mars 2023, comme l’accord le prévoit, nous pourrons passer l’hiver qui arrive en sécurité, même en cas de rupture totale de l’approvisionnement du gaz russe. Cette économie de gaz commence dès à présent et il est nécessaire que tous les États membres participent à cet effort collectif. Plus nous agissons vite, plus nous économisons et plus nous serons en sécurité. La politique de l’énergie est devenue une politique de sécurité.

Il s’agit également d’une question de valeurs car il en va de la solidarité européenne. Certains États membres sont plus dépendants du gaz russe que d’autres et donc plus vulnérables aux perturbations qui pourraient survenir. Aujourd’hui, 12 États membres sont déjà touchés par une coupure partielle ou totale de l’approvisionnement en gaz russe. 11 États membres ont déclenché une alerte précoce en ce qui concerne leur approvisionnement en gaz et un État membre a déclenché l’état d’alerte. Et ainsi, du fait du marché unique, tous les États membres subiront les conséquences de la coupure de l’approvisionnement en gaz. Pour en réduire l’impact, tous les États membres se doivent de partager le gaz avec leurs voisins en cas de besoin. Le respect de la solidarité énergétique, principe fondamental du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, est en jeu. En 2021, « le marché du gaz naturel [luxembourgeois] [était] caractérisé par une dépendance complète de l’importation »[1], dont 13.81% en provenance de la Russie.[2] Le pays sera donc moins impacté que d’autres, si la Russie venait à interrompre totalement ses livraisons de gaz. Au vu de cette situation, le Luxembourg doit faire preuve de solidarité avec ses voisins les plus touchés tout en s’efforçant de réduire sa consommation d’énergies fossiles.

L’accord politique des ministres de l’Énergie peut également être vu comme un accélérateur de la transition énergétique. La Commission européenne estime qu’ « au moins 25 % de la consommation finale d’énergie du Luxembourg devrait provenir de sources renouvelables d’ici 2030 »[3], si le Grand-Duché souhaite réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 50% d’ici là et ainsi s’investir utilement dans la lutte contre la crise climatique. Dans cette optique de transition écologique, l’Union européenne met à disposition du Luxembourg diverses sources de financement européennes. Ainsi, le Luxembourg dispose de €9.3 millions en provenance du Fonds pour une transition juste et de €9.9 millions du Fonds de la politique de cohésion pour la période 2021-2027. S’y ajoute une grande partie des €82 millions de subventions de l’Union européenne venant de la Facilité pour la reprise et la résilience, que le Luxembourg a décidé d’investir largement dans la transition verte entre 2021 et 2026. Enfin, à partir de 2025 et jusqu’en 2032, le Luxembourg bénéficiera de €73 millions grâce au Fonds social pour le climat, qui aidera les ménages vulnérables et les microentreprises à investir, par exemple, dans le chauffage propre, les véhicules électriques ou encore les panneaux solaires. Voilà de nombreuses opportunités pour se tourner vers de nouvelles sources d’énergie, il n’y a plus qu’à les saisir.

Les crises précédentes ont démontré que pour en sortir, l’action collective plutôt que le repli sur soi-même est la voie à suivre. Choisir la solidarité dès maintenant, c’est agir en prévention plutôt que dans l’urgence, c’est se donner les moyens de répondre calmement à la crise énergétique qui se dessine, et surtout de montrer aux citoyens européens que l’Europe est capable d’être unie dans l’adversité, de transformer une épreuve en opportunité et de faire face ensemble. C’est s’engager ensemble en faveur d’une Union européenne qui s’investit résolument pour ses citoyens.

Anne CALTEUX, Représentante de la Commission européenne au Luxembourg

 

[1] Institut luxembourgeois de régulation : Chiffres clés du marché du gaz naturel année 2021 - partie I

[2] https://www.bruegel.org/blog-post/preparing-first-winter-without-russian-gas

[3] Le Luxembourg et le pacte vert pour l’Europe: objectifs climatiques et énergétiques au Luxembourg. Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2022, doi: 10.2834/789168

Détails

Date de publication
1 août 2022
Auteur
Représentation au Luxembourg
Lieu
Luxembourg