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Représentation au Luxembourg
  • Article d’actualité
  • 16 septembre 2021
  • 10 min de lecture

État de l'Union: la Commission appelle les États membres à améliorer la sécurité des journalistes dans l'ensemble de l'UE

Illustration: General view of journalists
© European Union, 2017 - Photographer: Myat Thu

Le 15 septembre 2021, à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré: «L'information est un bien public. Nous devons défendre celles et ceux qui nous éclairent: les femmes et les hommes journalistes. C'est pourquoi nous avons présenté aujourd'hui une recommandation pour une meilleure protection des journalistes.»

Comme la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, l'a annoncé dans son discours sur l'état de l'Union, la Commission présente aujourd'hui sa toute première recommandation visant à renforcer la sécurité des journalistes et autres professionnels des médias.

Ces dernières années, les journalistes sont confrontés à un nombre croissant d'agressions, y compris des assassinats dans les cas les plus tragiques. La crise de la COVID-19 a rendu leur travail encore plus difficile car leurs revenus ont diminué, notamment ceux des journalistes indépendants, et leur accès aux lieux d'information s'est vu limité.

Pour inverser cette tendance, la Commission recommande des mesures à l'intention des États membres pour améliorer la sécurité des journalistes, à la fois hors ligne et en ligne. La recommandation préconise notamment la création de services de soutien nationaux indépendants, notamment des lignes d'assistance téléphonique, proposant des conseils juridiques, un soutien psychologique et des solutions d'hébergement pour les journalistes et autres professionnels des médias confrontés à des menaces. Elle appelle également à une protection accrue des journalistes lors des manifestations, à une plus grande sécurité en ligne et à un soutien particulier à apporter aux femmes journalistes.

Věra Jourová, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence, a déclaré: «Aucun journaliste ne devrait perdre la vie ou être blessé du fait de son travail. Nous devons soutenir et protéger les journalistes; Ils sont essentiels pour la démocratie. La pandémie a montré plus que jamais le rôle clé des journalistes pour que nous soyons informés, et l'urgence pour les pouvoirs publics de prendre davantage de mesures pour les protéger. Nous demandons aujourd'hui aux États membres d'agir résolument pour faire de l'Union un lieu plus sûr pour les journalistes.»

Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, a ajouté, pour sa part: «La liberté et le pluralisme des médias sont au cœur même de nos valeurs européennes et nous devons les défendre activement. À mesure que le secteur des médias continue à s'adapter et à évoluer, il en va de même des menaces auxquelles sont confrontés les professionnels des médias dans l'exercice de leur profession. Les menaces en ligne sont une nouvelle réalité. Aujourd'hui, nous présentons une recommandation qui déploie l'essentiel de nos efforts là où ils sont le plus nécessaires, c'est-à-dire pour garantir la sécurité des journalistes, tant en ligne qu'hors ligne.»

Recommandation sur la sécurité des journalistes

La recommandation préconise des mesures, donc certaines sont axées sur les événements de protestation et les manifestations, sur la sécurité en ligne et les moyens d'action numériques, et sur les femmes journalistes et les journalistes appartenant à des groupes minoritaires.

1. Recommandations générales

Compte tenu du nombre croissant d'agressions dirigées contre les journalistes, plus de 900 attaques ayant eu lieu dans l'UE en 2020, la recommandation invite les États membres à enquêter énergiquement sur tous les actes criminels et à en poursuivre les auteurs, en tirant pleinement parti de la législation nationale et européenne en vigueur. S'il y a lieu, les États membres sont encouragés à faire intervenir des autorités européennes, telles qu'Europol et Eurojust. Les États membres devraient encourager une meilleure coopération entre les services répressifs et les organes des médias afin d'identifier et de contrer plus efficacement les menaces auxquelles sont confrontés les journalistes et d'offrir une protection personnelle aux journalistes en danger. Il est également primordial que les médias aient un accès non discriminatoire à l'information, y compris aux conférences de presse et aux documents détenus par les pouvoirs publics. En outre, la recommandation souligne l'importance de la formation et du renforcement de l'accès à la protection sociale pour tous les professionnels des médias.

2. Protestations et manifestations

Près d'un incident sur trois se produit lors de manifestations: c'est dans ce contexte que les journalistes ont été le plus fréquemment agressés en 2020. Les États membres devraient dispenser une formation régulière aux services répressifs pour faire en sorte que les journalistes et autres professionnels des médias soient en mesure de travailler en toute sécurité et sans restrictions au cours de ces événements. Il est essentiel de collaborer avec les représentants des journalistes pour décider des mesures les plus appropriées, par exemple en ce qui concerne l'identification visuelle des professionnels des médias. La nomination d'officiers de liaison chargés d'informer les journalistes sur les risques potentiels, avant les événements de protestation ou les manifestations prévus, figure également parmi les mesures recommandées.

3. Sécurité en ligne et moyens d'action numériques

La sécurité numérique et en ligne est devenue une préoccupation majeure pour les journalistes en raison des incitations à la haine en ligne, des menaces de violence physique, mais aussi eu égard aux risques pesant sur la cybersécurité et à la surveillance illégale. Les États membres sont encouragés à promouvoir la coopération entre les plateformes en ligne et les organisations qui possèdent une expertise dans la lutte contre les menaces visant les journalistes, par exemple en encourageant leur rôle potentiel de signaleurs de confiance. Les organes nationaux compétents en matière de cybersécurité devraient, sur demande, aider les journalistes qui cherchent à déterminer si leurs appareils ou comptes en ligne ont été compromis à obtenir les services d'enquêteurs spécialisés dans la cybercriminalistique. Les États membres devraient également promouvoir un dialogue régulier entre ces organes chargés de la cybersécurité, les médias et le secteur, notamment en vue de favoriser la sensibilisation à la cybersécurité et l'acquisition de compétences numériques chez les journalistes.

4. Femmes journalistes et journalistes appartenant à des groupes minoritaires ou travaillant sur les questions d'égalité

Les femmes journalistes et les journalistes appartenant à des groupes minoritaires, ainsi que les journalistes travaillant sur les questions d'égalité, sont particulièrement vulnérables aux menaces et aux attaques. Les femmes journalistes sont confrontées à davantage de menaces que leurs homologues masculins et 73 % d'entre elles ont déclaré avoir subi des violences en ligne dans l'exercice de leur activité professionnelle. La recommandation invite instamment les États membres à soutenir les initiatives visant à renforcer les moyens d'action des femmes journalistes et des professionnels appartenant à des groupes minoritaires ou travaillant sur les questions d'égalité. Elle encourage les États membres à améliorer la transparence et le signalement effectif des agressions et des discriminations envers ces journalistes et à leur fournir des informations sur la manière d'obtenir une assistance et un soutien. En outre, la recommandation souligne la nécessité de promouvoir l'égalité et l'inclusion dans les salles de presse et dans le secteur des médias dans son ensemble, et de promouvoir le développement continu des compétences et des aptitudes dans toutes les professions utiles à la protection des journalistes.

Prochaines étapes

La Commission organisera des discussions sur la mise en œuvre de la recommandation avec les États membres et les parties prenantes au sein des instances appropriées, en particulier le Forum européen des médias d'information. La Commission effectuera également des évaluations faisant le point sur les progrès accomplis et continuera d'analyser la sécurité des journalistes dans tous les États membres dans le cadre du rapport annuel sur l'état de droit. Les États membres devraient informer la Commission des mesures prises pour donner effet à la recommandation, 18 mois après l'adoption de celle-ci.

Un financement de l'UE destiné à aider les États membres à mettre en œuvre la recommandation est disponible dans le cadre de plusieurs programmes et projets, y compris pour la formation des juges, des forces de police et des journalistes. L'UE cofinance également un mécanisme européen de réaction rapide dirigé par le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias établi à Leipzig, en Allemagne. Ce centre offre des services de défense juridique et d'avis juridique, une aide d'urgence telle que la prise en charge des frais de voyage, du soutien psychologique et des frais familiaux, tout en proposant des résidences en Allemagne et en Italie, ainsi que l'organisation et le soutien de formations sur l'ensemble du continent. La Commission lance également aujourd'hui un nouvel appel à propositions sur la liberté des médias et le journalisme d'investigation, qui représente près de 4 millions d'euros de financement de l'UE. Cette initiative soutiendra deux actions distinctes: le mécanisme paneuropéen de réaction aux violations de la liberté de la presse et des médias, et le fonds de soutien d'urgence pour les journalistes d'investigation et les organisations de médias afin de garantir la liberté des médias dans l'Union.

Contexte

Le nombre croissant d'attaques et de menaces physiques, juridiques et en ligne dirigées contre des journalistes et autres professionnels des médias au cours des dernières années, qui est évoqué dans les rapports 2020 et 2021 de la Commission sur l'état de droit, est préoccupant. Des agressions physiques ont été rapportées, en particulier dans le cadre de manifestations publiques dans plusieurs États membres, au cours desquelles des journalistes ont été pris à partie par des manifestants, voire dans certains cas par des forces de police. Les menaces en ligne sont en progression dans toute l'UE, les femmes journalistes et les journalistes appartenant à une minorité étant particulièrement visés. Cette situation est particulièrement préoccupante lorsque ces attaques sont orchestrées par des responsables politiques ou de puissants personnages publics.

La recommandation, annoncée pour la première fois dans le plan d'action pour la démocratie européenne, s'inscrit dans le cadre d'un effort plus large déployé par l'UE au soutien de la liberté et du pluralisme des médias. Elle s'appuie sur la recommandation du Conseil de l'Europe sur la protection du journalisme et la sécurité des journalistes et autres acteurs des médias et tient compte des contributions recueillies lors de la première édition du Forum européen des médias d'information. Pour préparer la recommandation, un dialogue structuré, fondé sur la participation des États membres, des journalistes, des associations représentant les journalistes et des organisations internationales, a eu lieu en mars 2021.

Dans le plan d'action pour la démocratie européenne, plusieurs actions à l'appui de la liberté et du pluralisme des médias ont été annoncées dans le cadre du mandat de l'actuelle Commission. La Commission poursuivra ses efforts en vue de fournir un financement durable à des projets axés sur l'assistance juridique et pratique aux journalistes dans l'UE et au-delà. Le total des financements accordés par l'UE aux projets en cours visant à favoriser la sécurité des journalistes, la liberté des médias et le pluralisme des médias s'élève à 21,5 millions d'euros. La Commission travaille également à une initiative portant sur des mesures visant à protéger les journalistes et les défenseurs des droits contre le recours abusif aux poursuites stratégiques contre la mobilisation publique (poursuites-bâillons).

En outre, la Commission présentera en 2022 une législation européenne sur la liberté des médias, visant à préserver l'indépendance des médias.

Pour en savoir plus

Recommandation concernant la protection, la sécurité et le renforcement des moyens d'action des journalistes et autres professionnels des médias dans l'Union européenne

Fiche d'information – Protection, sécurité et renforcement des moyens d'action des journalistes: recommandation de la Commission

Liberté et pluralisme des médias

Appels pour le secteur des médias – Soutien de l'UE à la liberté et au pluralisme des médias

L'initiative «News»

Recommandation sur la protection du journalisme et la sécurité des journalistes et autres acteurs des médias.

Discours sur l'état de l'Union de la présidente von der Leyen

Détails

Date de publication
16 septembre 2021