Merci beaucoup Monsieur le Président, cher Volodymir,
Je vous remercie de m'accueillir à nouveau à Kiev. C'est la huitième fois que je viens ici depuis l'invasion brutale de l'Ukraine par la Russie, et cette visite intervient à un moment crucial. L'hiver approche et la Russie continue de cibler vos infrastructures énergétiques civiles de façon cynique et vicieuse pour tenter de plonger votre pays dans l'obscurité. Et j'ai pu constater ce matin, en visitant l'un de vos points d'invincibilité, à quel point les Ukrainiens sont déterminés à faire en sorte que cela ne se produise pas. Je suis ici aujourd'hui, cher Volodymir, pour vous dire, à vous et au peuple ukrainien, que vous pouvez compter sur l'Union européenne pour vous aider dans ce défi qui consiste à garder les lumières allumées et à garder votre peuple au chaud alors que l'hiver est à nos portes, ainsi qu'à assurer la continuité de l'activité économique alors que vous luttez pour votre survie.
Mon premier point portera sur ce sujet. La Commission, comme vous l'avez dit, a développé un plan hivernal pour l'Ukraine, que j'ai présenté hier à Bruxelles, avec Fatih Birol, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, sur laquelle vous pouvez également compter. Le plan de la Commission s'articule autour de trois priorités.
Premièrement: réparer. Il s'agit de vous aider à réparer les dégâts causés par les frappes russes. Notre objectif est de rétablir une capacité de 2,5 gigawatts cet hiver, ce qui représente environ 15 % des besoins de votre pays pour cette période.
Deuxièmement: connecter. Nous continuerons à connecter l'Ukraine au réseau électrique européen. Nous pouvons ainsi exporter 2 gigawatts d'électricité vers l'Ukraine, ce qui couvrira environ 12 % des besoins du pays pour l'hiver. Les deux piliers «réparer» et «connecter» nous permettront ainsi de couvrir plus de 25 % des besoins de l'Ukraine pour cet hiver, ce qui viendra en complément de la production propre de l'Ukraine.
De là découle notre troisième pilier, qui est de stabiliser. Nous œuvrons au maintien d'un flux constant d'énergie dans toute l'Ukraine, malgré les attaques de la Russie sur les grandes infrastructures. Nous sommes en train de déployer des turbines à gaz et des panneaux solaires mobiles, et envisageons de protéger physiquement les centrales électriques, dont l'importance est capitale.
Telles sont les priorités pour soutenir l'infrastructure énergétique. Puis il y a le financement. Nous avons fourni jusqu'à présent l'équivalent d'au moins deux milliards d'euros pour la sécurité énergétique de l'Ukraine. Ces deux milliards d'euros se composent de soutien financier et de dons en nature de la part des États membres, tels que 10 000 transformateurs et générateurs par exemple, ou une centrale thermique lituanienne complète, qui est en cours de démantèlement en Lituanie et sera expédiée en Ukraine pour y être reconstruite. Mais ce n'est pas fini.
Hier, j'ai annoncé un programme de soutien de 160 millions d'euros pour les réparations et l'équipement hivernal d'urgence. Une partie de cette somme provient du produit des avoirs russes immobilisés dans l'Union européenne. Et c'est exactement ce à quoi doit servir cet argent, il faut faire payer à la Russie les destructions qu'elle a causées.
Cela m'amène à mon deuxième point. Nous comprenons à quel point les besoins de financement que génère l'effort de guerre sont immenses. Vous devez faire fonctionner l'État et l'économie tout en renforçant votre capacité de défense contre l'agression russe. Depuis le tout début, nous vous avons soutenu sur ce point, avec plus de 118 milliards d'euros apportés par l'Europe à ce jour. Mais les attaques incessantes de la Russie nécessitent une aide supplémentaire. C'est pourquoi je suis heureuse d'annoncer, qu'aujourd'hui, la Commission a adopté des propositions qui permettront à l'UE de prêter à l'Ukraine 35 milliards d'euros grâce à l'engagement du G7. C'est un grand pas en avant. Nous sommes désormais certains de pouvoir accorder très rapidement ce prêt à l'Ukraine, un prêt garanti par les bénéfices exceptionnels tirés des actifs russes immobilisés. Il est essentiel que ce prêt soit versé directement dans votre budget national, ce qui améliorera la stabilité macro-financière de l'Ukraine et vous donnera la marge de manœuvre budgétaire dont vous en avez tant besoin. Vous déciderez de la meilleure façon d'utiliser ces fonds, ce qui vous donnera un maximum de souplesse pour répondre à vos besoins et vous permettra de libérer davantage de ressources nationales pour renforcer, par exemple, vos capacités militaires et vous défendre contre l'agression russe.
Bien entendu, votre besoin le plus pressant est de soutenir votre armée et votre industrie de la défense. C'est mon troisième point. Avant même l'octroi du prêt, nous avons commencé à transférer à votre armée le produit des avoirs russes gelés dans l'UE. Cet été, nous avons transféré une première tranche de 1,4 milliard d'euros, sous la forme de livraisons d'armes et d'équipements par l'intermédiaire de la Facilité européenne de soutien à la paix. Notre État membre, le Danemark, a par exemple fait parvenir 400 millions d'euros à l'Ukraine pour qu'elle puisse acheter des équipements en Ukraine grâce à ces fonds russes. Ces fonds ont directement servi à passer des commandes auprès de l'industrie de défense ukrainienne. Nous achetons donc pour l'Ukraine, en Ukraine, avec de l'argent provenant des poches de l'État russe, de sorte que la valeur ajoutée augmente pour votre industrie de la défense. L'Union européenne devient ainsi le premier investisseur public pour votre secteur de la défense. Et notre Bureau européen d'innovation en matière de défense est désormais opérationnel, avec du personnel de l'UE, ici à Kiev, et une équipe de soutien à Bruxelles. Il servira de plaque tournante pour mettre en relation les industries de défense de l'Ukraine et de l'UE, en organisant par exemple des rencontres entre les parties prenantes. C'est tout à votre avantage, et à notre avantage également, car l'industrie de la défense ukrainienne est parmi les plus modernes du monde. Nous sommes donc impatients d'approfondir nos relations dans ce domaine, avant même que vous n'adhériez à l'UE.
C'est ainsi que j'en arrive à mon quatrième point, l'adhésion à l'Union européenne. Ce processus est l'une de mes priorités, et il le restera au cours de mon prochain mandat, alors que je m'apprête à diriger la Commission pour cinq années supplémentaires. À la fin du mois de juin, soit il y a moins de trois mois, l'Ukraine a franchi une étape importante avec la première conférence intergouvernementale, ce qui témoigne des progrès considérables et impressionnants réalisés par votre pays dans ses réformes liées à l'UE alors qu'il lutte contre l'agression russe. Notre objectif est maintenant, avec l'accord des États membres, d'ouvrir dès que possible les négociations sur les «fondamentaux». C'est un volet important qui nous permettra ensuite d'avancer sur les autres.
Merci encore, cher Volodymir. Cela fait malheureusement bientôt 1 000 jours que l'agression russe a été lancée, et nous sommes impressionnés par la bravoure inébranlable de l'Ukraine. Et nous ne pouvons qu'essayer de l'égaler par notre amitié et notre solidarité durables, ainsi que par la perspective d'un avenir pacifique pour l'Ukraine au sein de l'Union européenne.
Slava Ukraini.
Détails
- Date de publication
- 20 septembre 2024
- Auteur
- Représentation au Luxembourg