Discours de la Présidente von der Leyen

Monsieur le Président, cher Emmanuel,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Nous condamnons tous le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre. Nous appelons tous à la libération des otages. Et il nous incombe à tous de protéger et de sauver les civils à Gaza. Nous devons protéger la vie et préserver l'humanité. C'est dans ce contexte que je souhaite vous exposer quelle a été notre contribution jusqu'à présent, et dans quels domaines nous voulons intensifier notre collaboration avec vous.

La Commission européenne connaît très bien Gaza. Cela fait des décennies qu'avec les États membres, nous travaillons auprès de la population gazaouie et comptons parmi les principaux donateurs au peuple palestinien. Bien sûr, mon propos inclut l'UNWRA, Monsieur le Commissaire général. Les liens très étroits que nous avons tissés avec la population gazaouie révèlent toute leur valeur aujourd'hui, parce qu'ils accroissent la possibilité d'une action coordonnée pour répondre aux besoins. En tant que Commission européenne, nous avons immédiatement entrepris de travailler sur l'assistance humanitaire à apporter à la population gazaouie. Et à la veille de la présente conférence, nous avons quadruplé l'aide humanitaire à Gaza et à la Cisjordanie (même si l'essentiel est destiné à Gaza), pour la porter à 100 millions d'euros.

Nous avons également mis en place un soutien logistique à l'Egypte. Celle-ci a désigné l'aéroport d'Al-Arish, dans le nord du Sinaï, comme plaque tournante logistique. Nous nous efforçons de soutenir et d'accroître les capacités logistiques de cette plate-forme. Comme vous l'avez dit, Monsieur le Président, nous avons organisé un pont aérien humanitaire. À ce jour, huit vols, transportant plus de 370 tonnes de médicaments, d'eau et de produits sanitaires, ont pu être effectués. Et nous préparons des vols presque quotidiennement. L'expérience de notre cellule de coopération avec la Fédération internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge s'est révélée positive. Les dons devraient être acheminés par l'intermédiaire de cette plate-forme, afin d'assurer une coordination optimale. Parallèlement nous renforçons les capacités logistiques locales du Croissant Rouge égyptien, par exemple avec des entrepôts mobiles réfrigérés et en envoyant notre personnel logistique sur le terrain.

La plupart de nos cargaisons ont déjà atteint Gaza par camion via le point de passage frontalier de Rafah. Mais ainsi que l'ont déclaré presque toutes les personnes présentes, les volumes restent trop faibles pour répondre aux besoins humanitaires, qui sont immenses. C'est pourquoi, si nous sommes tout à fait favorables à une augmentation de la capacité d'acheminement de l'aide par Rafah – c'est notre première priorité –, nous devons également rechercher d'urgence des itinéraires supplémentaires. C'est ce qui a été demandé: plusieurs points d'entrée. C'est pourquoi nous sommes très favorables à l'établissement d'un corridor maritime au départ de Chypre, et travaillons avec le président Nikos Christodoulides pour le mettre en place. Il me semble que ce corridor garantirait un flux d'aide continu, régulé et solide. La Commission européenne soutient pleinement ce projet avec toute la logistique et tous les moyens dont elle dispose. Nous continuerons, bien sûr, d'aider à évacuer les Palestiniens blessés qui reçoivent une assistance médicale en Égypte. Cela veut dire aussi fournir des médicaments et du matériel médical à l'Égypte.

Cet effort humanitaire doit s'accompagner d'efforts pour éviter une contagion régionale. C'est pourquoi nous nous employons aussi à apporter un soutien fort à la région. Mardi, j'ai discuté avec le roi Abdallah de Jordanie, à l'occasion de sa visite à Bruxelles, d'un nouveau train de mesures économiques et financières pour renforcer davantage la Jordanie. Et j'ai discuté avec le président al Sisi de la manière dont l'Europe peut renforcer et intensifier son partenariat avec l'Égypte. C'est d'un train complet de mesures qu'il est question ici. Pour l'immédiat, mais aussi pour le moyen et le long terme, afin de stabiliser la région et ses principaux acteurs.

En définitive, nous pensons aussi que, alors même que nous faisons face à l'urgence actuelle, nous devons faire l'effort de réfléchir à l'avenir, à comment briser la spirale de la violence, et comment rétablir l'espoir pour les Israéliens et les Palestiniens. Pour cela, ils ont besoin d'une perspective politique. Et cette perspective, c'est la solution à deux États. Et nous devons y travailler sans ménager nos efforts. Bien entendu, il reviendra aux Israéliens et aux Palestiniens de se mettre d'accord, en fin de compte, sur la marche à suivre. Cependant, nous devons également, dans le cadre d'un effort international, apporter notre contribution, en étroite coordination avec nos amis et partenaires.

Merci beaucoup, Monsieur le Président.