La 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) débute aujourd'hui à Montréal. Du 7 au 19 décembre, les pays s'efforceront de parvenir à un accord mondial sur la protection de la nature et de la planète, prévoyant des objectifs à long terme à l'horizon 2050 et des résultats intermédiaires à l'horizon 2030. Représentant l'UE, la Commission travaillera avec toutes les parties à la conclusion d'un accord mondial ambitieux visant à protéger la biodiversité et les écosystèmes, à les restaurer, à les utiliser de manière durable et à investir dans ce domaine. Lors du débat de haut niveau qui se tiendra du 14 au 17 décembre, le commissaire Sinkevičius représentera la Commission et dirigera l'équipe de négociation de l'UE.
Après plus de deux ans de négociations, la Commission souhaite faire de la COP15 l'équivalent de Paris pour la biodiversité, en référence au sommet historique sur le climat au cours duquel les pays du monde entier se sont mis d'accord pour limiter le changement climatique à 1,5 °C. Un niveau d'ambition élevé est également nécessaire pour faire face à la double crise du changement climatique et de la perte de biodiversité, et si nous voulons maintenir la capacité de notre planète à faire vivre 8 et bientôt 10 milliards de personnes, à lutter contre le changement climatique et à préserver nos moyens de subsistance. Dans un premier temps, il sera essentiel de faire en sorte que la nature soit partout dans un meilleur état en 2030 qu'elle ne l'était en 2020.
L'UE à la COP15: les priorités d'un cadre mondial pour la biodiversité
La Commission, en coopération avec les États membres de l'UE, œuvrera à l'adoption d'un cadre mondial en matière de biodiversité pour l'après-2020 qui soit ambitieux, global et porteur de changement. L'accord de la COP15 devrait comprendre:
- un objectif visant à protéger 30 % des terres et des océans d'ici à 2030, en particulier les zones les plus précieuses pour la biodiversité et les services écosystémiques. Les zones protégées devraient être bien reliées entre elles et être gérées efficacement;
- un objectif de restauration de 3 milliards d'hectares de terres dégradées et d'écosystèmes d'eau douce et de 3 milliards d'hectares d'écosystèmes océaniques. En restaurant ces zones, il sera possible de les rendre plus productives qu'aujourd'hui et plus résilientes aux sécheresses, aux inondations et aux organismes nuisibles;
- des objectifs visant à remédier aux causes directes de la perte de biodiversité, y compris la pollution;
- des engagements en faveur de la promotion de l'utilisation durable de la biodiversité et des écosystèmes, notamment par des approches agroécologiques, par la réduction du recours aux pesticides, par l'arrêt de la déforestation et par l'intégration des solutions fondées sur la nature dans notre économie. L'utilisation durable de la biodiversité peut répondre aux besoins des populations, par exemple en matière de denrées alimentaires, de fibres, de combustibles, de médicaments ou de tourisme, tout en soutenant la conservation;
- un cadre de suivi solide, assorti d'un ensemble d'indicateurs clés et d'un mécanisme robuste de révision des objectifs nationaux à l'appui de la mise en œuvre du cadre, garantissant que l'accord est pleinement mis en œuvre.
Mobiliser des financements en faveur de la biodiversité
L'ambition requise nécessitera la mobilisation de ressources financières substantielles en faveur de la conservation de la biodiversité et de l'utilisation durable de celle-ci. Comme l'a annoncé la présidente von der Leyen dans son discours sur l'état de l'Union, l'Union européenne double son financement mondial en faveur de la biodiversité en le portant à 7 milliards d'euros sur la période 2021-2027, en particulier à l'intention des pays les plus vulnérables, et encourage tous les donateurs internationaux à faire preuve du même niveau d'ambition. À Montréal, la Commission soutiendra également un ensemble solide de mesures visant à mobiliser des ressources provenant de toutes les sources, tant nationales qu'internationales, tant publiques que privées.
La priorité est que les ressources existantes soient utilisées plus efficacement, notamment en alignant tous les flux financiers sur des objectifs bénéfiques pour la nature et en luttant contre les subventions préjudiciables. Les entreprises jouent un rôle majeur à cet égard. Cela passe tout d'abord par le suivi, l'évaluation et l'indication de leurs incidences et de leur dépendance à l'égard de la nature. L'UE soutient la demande de la coalition mondiale des entreprises de voir instaurer une obligation de déclaration pour les entreprises et les établissements financiers.
L'un des principaux points de négociation est l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation de ces ressources (informations sur les séquences numériques). La Commission demande instamment que toute solution soit pratique et facile à mettre en œuvre, qu'elle garantisse la sécurité et la clarté juridiques et qu'elle génère plus d'avantages que de coûts. En particulier, un accès ouvert à ces informations devrait être assuré, et il ne doit pas y avoir d'entraves à la recherche scientifique.
Étant donné que nous ne pouvons pas gérer ce que nous ne pouvons pas mesurer, la Commission plaidera également en faveur du renforcement des capacités et du développement, et elle s'est engagée à mettre en place un service mondial d'appui à la connaissance pour la biodiversité afin d'aider nos pays partenaires à mettre en œuvre le futur accord mondial.
Contexte
La moitié de la production économique mondiale étant tributaire de la nature, protéger la biodiversité, c'est aussi préserver les éléments constitutifs fondamentaux dont nous dépendons tous. La sécurité alimentaire mondiale, qui repose sur la pollinisation par les insectes et sur des sols en bonne santé, est gravement menacée si le déclin de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes se poursuivent à leur rythme actuel. La perte de biodiversité met en péril la réalisation des objectifs de développement durable et d'autres objectifs internationaux.
Dans le même temps, la nature est notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique et les catastrophes naturelles qui en résultent. Les solutions fondées sur la nature figurent également parmi les mesures de lutte contre le changement climatique les moins coûteuses et les plus efficaces, mais pour jouer ce rôle, notre environnement doit être en bonne santé. Actuellement,
• un million d'espèces sont menacées d'extinction en raison de l'activité humaine. Parmi ces espèces figurent 40 % de l'ensemble des insectes;
• les forêts tropicales sont décimées à raison de 13 millions d'hectares, soit l'équivalent de la Grèce ou du Nicaragua, par an;
• un tiers des terres de notre planète sont sévèrement dégradées et 24 milliards de tonnes de terres fertiles sont perdues chaque année.
Pour en savoir plus
L'UE à la 15e conférence mondiale sur la biodiversité (COP15) (europa.eu)
Vidéo de la Commission européenne sur la COP15
Quote(s)
Inverser la perte de biodiversité, c’est sauver nos systèmes vitaux, ainsi que notre économie. La nature est un élément constitutif fondamental d’une planète en bonne santé et productive, d’une planète qui nous fournit notre nourriture et nos moyens de subsistance et qui nous aide à lutter contre le changement climatique. La COP15 doit présenter un plan global pour protéger et rétablir ces éléments constitutifs. L’Europe est prête à placer la barre haut, mais nous devons le faire avec le reste du monde. Faisons de Montréal un moment décisif pour la nature.
Virginijus Sinkevičius, commissaire à l'environnement, aux océans et à la pêche - 06/12/2022
Détails
- Date de publication
- 7 décembre 2022
- Auteur
- Représentation au Luxembourg