Déclaration à l'occasion de la réunion extraordinaire du Conseil européen du 9 février 2023

Monsieur le Président, cher Volodymyr,

Merci d'être venu au cœur de l'Union européenne. Je vous remercie du puissant message que vous nous avez porté. Votre combat, c'est une lutte pour l'indépendance, pour la démocratie et pour une Europe libre. J'ai entendu votre message fort et puissant non seulement au Parlement européen, mais aussi ici au Conseil européen. Et j'ai en ressenti toute l'urgence. Nous avons tous entendu l'urgence de votre appel à soutenir l'Ukraine sans perdre une minute. Vous nous avez parlé avec beaucoup d'émotion, en saluant le mode de vie européen. Et vous avez ajouté que c'est ce mode de vie auxquels aspirent les Ukrainiens pour leur foyer. Et justement, vous voyez aujourd'hui que nous sommes une seule et même famille, qui partage une même vision. Dans une famille, on se serre les coudes. Vous pouvez compter sur nous. Nous continuerons à vous soutenir sans réserve. Aujourd'hui, c'est votre peuple que nous soutenons tout au long de cette guerre atroce. Sans perdre de vue l'avenir. Les Ukrainiens donnent leur vie pour une Ukraine libre et indépendante. Ils luttent pour le respect de nos valeurs communes.

Nous savons que nous ne pourrons jamais égaler les sacrifices que les Ukrainiens font chaque jour. Mais nous pouvons vous appuyer. J'en veux pour preuve un chiffre: 67 milliards d'euros. Ces 67 milliards d'euros, c'est le montant de l'aide que nous avons mobilisée tous azimuts au cours de ces douze derniers mois: de l'aide budgétaire au soutien à la reprise rapide; du soutien humanitaire à l'aide aux réfugiés. Nous devons en faire davantage. Il y a urgence, et je crois bien que cette urgence est au cœur du message que vous nous avez porté aujourd'hui. Nous devons en faire davantage.

Nous soutenons l'Ukraine pour qu'elle gagne cette guerre et nous veillons à ce que l'Ukraine gagne aussi la paix qui s'ensuivra. Cette paix doit être juste. Cher Volodymyr, nous soutenons pleinement votre plan de paix. L'Union européenne collabore avec ses partenaires pour soutenir l'Ukraine sur les dix points de votre plan de paix, de la sécurité économique à la sûreté nucléaire, en passant par la sécurité alimentaire et l'énergie, pour ne citer que ceux-là. Et nous mettrons tout en œuvre pour faire en sorte que ce soutien soit le plus large possible au niveau mondial. Il n'y a pas de paix juste sans obligation de rendre des comptes.

Ce qui m'amène à mon deuxième point: la Russie doit payer pour les destructions qu'elle occasionne et pour le sang qu'elle répand. Dans les prochains jours, nous proposerons le dixième train de sanctions. Il s'agira, premièrement, d'imposer des sanctions à un certain nombre de dirigeants politiques et militaires. Mais pas seulement. Cher Volodymyr, nous avons écouté très attentivement ce que vous aviez à nous dire lors de notre visite à Kiev la semaine dernière. Nous ciblerons les propagandistes de Poutine. Parce que leurs mensonges empoisonnent l'espace public, en Russie comme à l'étranger. Vous avez insisté sur ce point. Nous vous avons entendu. Et nous allons agir. Nous ne leur laisserons pas de répit.

Deuxièmement, le train de mesures comprendra des interdictions d'exportation supplémentaires représentant plus de 10 milliards d'euros. Cela ne manquera pas de sevrer plus encore la machine militaire russe et de continuer à ébranler les fondements de l'économie nationale. Par ailleurs, la communauté internationale ne ménage pas ces efforts pour que justice soit faite. Cela se fait en trois grandes étapes. La première consiste à recueillir et préserver les preuves des crimes commis. Nous sommes déjà à l'œuvre. La deuxième est de coordonner la tâche des procureurs. C'est dans ce but que nous établissons le centre de La Haye. L'étape suivante est de mettre en place un tribunal. À cet égard, des discussions sont en cours sur la structure précise à lui donner. Mais je vous assure, Volodymyr, que nous avons la volonté politique de demander des comptes à l'attaquant, y compris pour le crime d'agression. Forts de cette volonté politique, nous devons trouver les moyens de le faire.

Pour ce qui est, enfin, de notre avenir commun, la jeunesse ukrainienne lutte pour la souveraineté de son pays. Bien trop d'Ukrainiens le paient de leur vie. Mais leurs rêves ne meurent pas. Le rêve d'une Ukraine nouvelle. Non seulement libre, démocratique et européenne, mais aussi juste, verte et prospère. Nous en jetons déjà les bases. Nous avons édifié la plateforme de reconstruction, qui est désormais opérationnelle. Nos partenaires commencent à détacher des experts auprès du secrétariat, que nous accueillons à Bruxelles et à Kiev. La réponse à notre appel est époustouflante. Nos villes ne sont pas en reste. De Vilnius à Venise, 36 villes européennes travailleront avec dix villes ukrainiennes, telles que Kharkiv et Kiev. C'est la preuve vivante de l'énorme soutien dont vous bénéficiez de la part de toute l'Union européenne. Comme vous l'avez dit, chaque personne compte. Vous l'avez dit avec beaucoup de force au Parlement européen. Bien sûr, c'est notre rôle, à nous, responsables politiques, mais, pour soutenir l'Ukraine, chaque personne vivant dans l'Union européenne compte aussi.

L'Ukraine progresse de manière impressionnante sur sa trajectoire européenne. L'adhésion est un processus fondé sur le mérite. Et votre bilan montre que vous êtes capables de fournir des résultats rapides et de grande qualité, alors même que vous combattez un agresseur, alors même que vous êtes au beau milieu d'une guerre. J'entends si souvent les Ukrainiens parler de leurs espoirs. Ils veulent que leurs enfants grandissent dans l'Union européenne. Et cet espoir leur donne la force de faire face à cette horrible guerre.

Cher Volodymyr,

entre aujourd'hui et cet avenir radieux, il reste peut-être un dur chemin à parcourir. Mais soyez assuré que nous serons à vos côtés tout au long de la voie. Faisons de vos rêves ukrainiens une réalité, le mode de vie européen. Depuis le début de mon mandat, j'ai conclu chaque discours par les mots «Vive l'Europe». Voici un an que nous y ajoutons systématiquement «Slava Ukraini». Et ce n'est pas pour rien.